[No spoil] Critique Captain America : Civil War (2016) – C’était bien. Zut.

 

Cette année, les super-héros ont tendance à se mettre sur la tronche entre eux. C’est le principe de la lutte fratricide, d’un combat souvent artificiel aux justifications nébuleuses pour prétexter un « battle royal » entre héros. Alors que le mal-aimé Batman V Superman : Dawn of Justice a profondément divisé les spectateurs (et pas la critique américaine qui l’a unanimement bashé), le Captain America nouveau intitulé Civil War est arrivé. Ce qui est sûr, c’est que c’est bien un Captain America mais quant à la Civil War…

Après les événements de l’Ere d’Ultron et la destruction partielle de la Sokovie, les nouveaux Avengers menés par Captain America sont à l’origine d’un accident lors de l’une de leurs interventions. Et même si ce n’est pas directement leur faute, les gouvernements mondiaux leur tombent dessus pour leur tirer les oreilles. Un texte intitulé les Accords de Sokovie, ratifiés par plus d’une centaine de pays, atterrit devant les héros majeurs de la saga cinématographique. Alors que l’équipe se divise, le Cap’ garde en tête son ancien ami devenu le Soldat de l’Hiver et bientôt, il va devoir faire un choix. Si le scénario a l’air assez intéressant et prometteur, ne vous emballez pas. Certains ressorts scénaristiques sont gros et même parfois étranges. Mais honnêtement, c’est peut-être l’un des meilleurs scénarios du Marvel Cinematic Universe. En déduiront ce qu’ils voudront les potentiels lecteurs de cette critique.

A la réalisation, nous retrouvons les frères Russo, Anthony et Joe, déjà à l’oeuvre sur Captain America : le Soldat de l’Hiver. Il avait été en général bien accueilli par la critique surtout pour ses scènes de combat survoltées, cependant le film souffrait de facilités dans son histoire mais surtout d’un gros souci. Son sous-titre était mensonger car le Soldat de l’Hiver n’apparaissait qu’à quelques occasions et n’était en rien le nerf de l’action principale, au mieux une sous-intrigue. Dans cet opus, Bucky se fait insérer au forceps dans un événement majeur de l’univers des comics Marvel pour mettre le Cap’ en avant. Ironiquement, s’il y a bien un Captain America qui aurait dû prendre le sous-titre le Soldat de l’Hiver cela aurait très bien pu être celui-là. Parce que, sans rire, la propension de Steve Rogers à défendre son ami d’enfance frise parfois le ridicule voire la bromance (sisi, vous verrez). Mais la Civil War, prétexte à la bagarre dans ce film, reste présente pour accrocher le fan. Gardez en tête que ce film est avant tout celui du Cap’ même si Iron Man partage limite un temps à l’écran équivalent, il est donc conseillé d’avoir vu les films précédents mais pas obligatoire.

Passons le laïus habituel sur la performance des acteurs des films Marvel car ils sont en général très efficaces. On notera cela dit un casting choral très impressionnant pour un film censé se concentrer sur un personnage. Cela change de ce qu’on nous a servi lors de la phase deux de cette saga cinématographique (de Iron Man 3 à Ant-Man) où Marvel se refusait très nettement à faire intervenir les autres héros alors que les conditions étaient réunies. Où est Captain America quand le président des Etats-Unis se fait enlever dans Iron Man 3 et où sont les Avengers lorsque les Elfes Noirs envahissent Londres dans Thor 2 ? De fait, si de nombreux héros sont autorisés à intervenir, on ne peut alors se départir du sentiment de voir un Avengers qui ne s’assume pas. Comme si Captain America, le personnage assez lisse et ses enjeux propres, ne suffisait pas à impliquer assez le spectateur. En effet, la surprise viendra, contrairement à Avengers 2, des nouveaux venus qui donnent un charme et un mystère certain à ce Civil War.

A contrario de l’Ere d’Ultron avec les jumeaux Maximoff, Vif-Argent et la Sorcière Écarlate, Black Panther et Spiderman sont, tous les deux, très efficaces. A point tel que j’ai peur que leur futur film dédié mettent du plomb dans l’aile à leur image. Le premier, joué par Chadwick Boseman, est présenté somme toute sommairement mais efficacement. Ses motivations et ses capacités sont très bien mises en avant. Quant à Spiderman, interprété par Tom Holland, c’est le meilleur Homme-Araignée qu’on ait pu nous présenter au cinéma jusqu’à aujourd’hui. Il a la « looser attitude » du Peter Parker de Sam Raimi et le punch du Spiderman de Marc Webb, un vrai régal. Les plus chagrins lui reprocheront cela dit sa jeunesse mais ce serait chipoter.

Rassurez-vous, l’humour « made in Marvel » est toujours présent et les personnages ont encore droit à leurs punchlines parfois très bien senties mais aussi parfois assez lourdes. On notera cela dit un ton plus « mâture » même si ça n’atteint pas la pénombre ambiante de la concurrence. Les scènes d’action sont sur le même plan que celles du Soldat de l’Hiver c’est-à-dire dynamiques et impactantes avec du punch. Je ne vous détaillerai pas la fameuse scène de l’aéroport (surestimée) ou d’autres combats qui ont tous une chorégraphie assez recherchée et une mise en scène efficace. Cela dit, il ne faut pas avoir peur des « shaky cams », des caméras tremblantes, qui tentent de rendre l’action plus trépidante. C’est parfois trop « shaky » et la 3D n’aidant pas, les yeux peuvent fatiguer.

Venons-en toutefois à ce qui est sûrement le plus gros défaut du film : il ne prend jamais trop de risques. En effet, si l’affiche nous vend un combat titanesque, une véritable guerre civile entre super-héros, elle n’est jamais trop grave et cela transparaît même au travers de certaines répliques. La tension grandissante entre le Cap et Iron Man teasée dans Avengers 2 n’est pas aussi déterminante que ce qu’on aurait pu pensé donc. Toute la hype sur team Iron Man et team Captain America est un faux débat au final. Pour vous dire, il n’y a rien à spoiler, le spectateur ne se fait jamais surprendre (et peut-être que vous dire cela est un spoil en soit). Encore une fois, le décalage entre le sous-titre et le contenu du film sont sujets à caution. La Civil War a été un tournant dans l’univers des comics en général. Haletante, longue et cruciale pour nombre de ses personnages, elle est ici malheureusement sous-exploitée alors que le début du long-métrage promettait quelque chose de politique et de plus prise de tête qu’à l’accoutumée. Mais l’histoire liée au Cap’ empiète sur cet aspect du film alors que c’était l’argument de vente numéro un du film. Pour vous dire je n’ai même pas parlé de Zemo, le « méchant » qui est pourtant très bien joué par Daniel Brühl (Inglorious Basterds, Rush).

L’AVIS DE TsuKi 07/10

Oui 7, comme Batman V Superman parce que les deux films ont leurs défauts. Cela dit, l’écurie Marvel s’en sort mieux avec un film plus maîtrisé et moins chaotique même si les enjeux cruciaux vendus comme fondamentaux dès les bandes-annonces n’en sont pas. Le Marvel Cinematic Universe inaugure la phase trois d’une bien belle façon mais il faudra bien que les têtes pensantes à la tête de tout ce projet osent chambouler réellement leur routine. Parce qu’au bout d’un moment, il faudra arrêter de présenter à ses spectateurs un monde toujours tout beau et tout gentil.